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Création du monde
Hanoi : juin 2009

La mosaïque de Hanoi
Une mosaïque de 120 m2 sur la digue du Fleuve Rouge à Hanoi.
L’initiative est née d’un coup de foudre de Nguyen Thu Thuy, une jeune journaliste, décoratrice de Hanoi devant l’œuvre d’A. Gaudi du Parc Güell à Barcelone.
La digue du Fleuve Rouge offrait alors, une perspective inespérée à cette nouvelle génération de vietnamiens de l’après guerre.
Thuy a donc proposé, pas à pas un rêve qu’elle a pu réaliser à un moment tout à fait particulier, puisqu’en fin de compte son projet largement ouvert a été intégré dans les 1000 ans de Hanoi.

Voir son site :
www.thuthuymosaic.com

Les sept jours de la Création est un magnifique poème fondateur exprimant en image la naissance de la pensée.
Un point lumineux « soudain », aux origines, dépassant l’esthétique pure à savoir les préoccupations du « design », grande nouveauté au début du XXe siècle.

Le choix du texte était pour moi déterminant et proposé à un large public dans toute sa grandeur même si le résultat est en dessous de ce qu’on doit toujours espérer…,
il n’en demeure pas moins que tous ceux qui ont participé de près à la réalisation de ces presque 100 m ont ressenti les joies et les inquiétudes inhérentes à tout authentique
travail qu’il soit grand ou petit. La preuve en est que cette réalisation nous a permis de retrouver et de lire ce magnifique mythe de création chez les Muong.
J’aimerai dire que ces quelques mètres sont encore en train de se réaliser et qu’ils resteront inachevés. Du point de vue du travail, il y a eu un véritable échange,
voire des confrontations - nous n'avons pas à en avoir honte au contraire… C'est sans doute une palette que nous offrons à bien des niveaux d'interprétation.
À la limite, un peu déstabilisant… Chaque jour est une histoire, une aventure presque indépendantes les unes des autres mais néanmoins dans la continuité des uns des autres :
« à chaque suffit sa peine » !
Je continue à penser que les 7 jours de la création sont non seulement un merveilleux poème partagé par nombre de civilisations, mais encore une fois, une façon imagée d'expliquer le passage à l'abstraction.

- Le premier jour, évoque l'éclat, la lueur, sans doute une illumination : l'homme peut et doit exprimer une pensée avec des mots, mais c'est encore le chaos.
Ce qu'exprime la phrase et le verbe (le mot par excellence qui agit) s’est fait chair. Au niveau de ce travail, nous recherchions, nous n'avons pas trouvé son style au début et à la fin pas vraiment plus à moins qu’il nous échappe définitivement...

- Le deuxième jour, c’est l'image d'une terre qui cherche sa forme, le magma est sans doute en fusion. Mais ici et déjà le firmament se différencie des eaux.

- Le troisième jour, la terre est prête pour la germination, les arbres et les plantes portent déjà du fruit.

- Le quatrième jour, le temps devient impérieux, les grands luminaires rythment les saisons… les soleils et les lunes et les constellations scandent l’univers…

- Le cinquième jour, les oiseaux et les poissons peuplent notre « monde ». C'est l'idée d’une vie à profusion, des phrases et des thèses... la générosité qui ne compte plus et donc protège.

- Le sixième jour, l'homme apparaît dans sa plénitude d'Homo Sapiens, il pense et construit son monde. Pour la première fois la mosaïque forme un tout elle n'est plus éclatée.

- le septième jour... bien des couleurs sont là, les signatures et un envol pour autre chose !

Et si l’artiste n’était qu’un passeur d’images, parce qu’il ne peut pas faire mieux ?
Et si être « artiste » devait demeurer un combat ?
Et si être artiste était aussi être CONTRE LA GUERRE CHIMIQUE ?

Merci Thuy pour ce magnifique projet.
Bonne chance et longue vie


Dominique de Miscault le 7 juin 2009